par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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Saison touristique 2009, les pertes de part de marchés des hôtels s’accentuent




Saison touristique 2009, les pertes de part de marchés des hôtels s’accentuent
La haute saison a été très bonne pour les campings et correcte pour les hôtels

L’Insee vient de publier les chiffres concernant les nuitées touristiques dans les hôtels et campings pour le mois d’août. Au final, il ressort que les hôtels ont inversé la tendance par rapport aux mois de mai et juin (-7 % sur un an pour les nuitées hôtelières en moyenne), les mois de juillet et août enregistrant une hausse de près de 1 % sur un an. Les campings ont confirmé qu’ils étaient les grands gagnants de cet été avec +11 % de fréquentation entre mai et août. Pour les détails (notamment par étoiles), nous invitons le lecteur à se pencher sur la note de synthèse très complète de l’Insee.


Saison touristique 2009, les pertes de part de marchés des hôtels s’accentuent
De nouvelles pertes de parts de marché pour les hôtels

Toutefois, en lien avec ce que nous avions déjà écrit concernant la fréquentation touristique en Méditerranée, il ressort de ces données que les hôtels sont à la traîne en Corse. La « rentabilité » du tourisme pour ce secteur diminue. En effet, sur les mois de juillet et août, le trafic de passagers a progressé de 9 % sur un an, loin du maigre +1 % enregistré par les nuitées hôtelières. Si l’on regarde l’indicateur de rentabilité (ratio flux de transport sur nuitées, cf. article mis en lien précédemment) l’on s’aperçoit que ce dernier atteint un plus haut historique en août 2009, soit en fait que la rentabilité n’a jamais été aussi faible. Il faut en effet plus de 2,5 traversées pour générer une seule nuitée dans un hôtel. Cette situation est aux antipodes de la situation observée aux Baléares (pourtant souvent prix comme anti-modèle), car tandis qu’en Corse 10 % des nuitées totales (bien 10 %, chiffres enquête ATC) ont été passées dans des hôtels en 2008, ce taux dépasse 86 % aux Baléares.

D’un autre côté les campings ont eu pleinement profité de la forte fréquentation estivale. Il est difficile d’être catégorique sur les retombées économiques. Cependant, il existe une forte présomption pour que les touristes choisissant ce mode d’hébergement soit moins dépensiés. Au final, cette saison confirme que la Corse, en tant que destination touristique, s’ancre dans un modèle « tourisme de masse ».

Mais, ne boudons pas notre plaisir, cette saison a été somme toute très bonne, soulageant ainsi les risques d’effondrement de l’activité économique. De plus, la Corse a réussi à limiter les dégâts, à la différence d’autres grandes îles touristiques. Mais, la saison a aussi confirmé le constat d’une hôtellerie corse qui n’arrive plus à profiter des flux touristiques.

Jeudi 15 Octobre 2009
Guillaume Guidoni


1.Posté par JFD le 27/10/2009 02:16
Bravo pour cet excellent travail, vos remarques et tous vos constats frappés au coin du bon sens dans tous vos articles, ainsi que pour ces analyses pertinentes qui nous change des poncifs habituels.

Il est dommage que les données officielles soient exprimées en %.

En valeur réelle, combien de passagers supplémentaires sur les transports aériens et maritimes, combien de nuitées en moins dans l’hôtellerie traditionnelle, combien de clients en plus dans les campings ?...

Raisonner en termes de % permet peut-être de conclure à une augmentation de la fréquentation touristique à faible pouvoir économique et de constater que, pendant la période estivale, la Corse s’incline globalement vers l’accueil d’un tourisme de « masse ».

Cela n’est pas tout à fait faux… Cette conclusion donne du plomb dans l’aile aux discours de tous ceux qui, pour parler de l’avenir de la Corse, ne savent pas décliner le mot « développement » sans y adjoindre obligatoirement l’adjectif « touristique »…

Sans pour autant prendre la mesure de l’inanité d’une telle démarche.

Traduites en chiffres, les données officielles que vous citez auraient en effet exprimé une autre vérité encore plus crue - voire plus cruelle.

Si l’on compare le chiffre des passages (air+mer) à celui des nuitées en hôtel ou gite traditionnel ou camping (sur une moyenne de fréquentation de sept jours), on s’aperçoit en effet que le compte n’y est pas.

En période estivale, hormis la frange (indéchiffrable) de passagers de la « diaspora » accueillis dans leur famille et celle (indéchiffrable également) de ceux qui rejoignent leur résidence secondaire… Où vont se nicher les autres (ceux qui n’ont ni famille, ni résidence)?...

Ce ne sont pas les hôtels ni les logements saisonniers traditionnels (dont la perte de fréquentation est estimée cette année à xx%), ni les campings (dont la hausse d’accueil est estimée à XX%) qui les accueillent...

Malheureusement les chiffres officiels ne peuvent pas se faire l'écho des pratiques underground qui consistent à louer (ou à sous-louer) au black des appartements ou des maisons de village (entre 500 et 1500 euros la semaine).

Assurant un revenu confortable à leurs propriétaires, une partie de cet apport financier est certes réinjecté en partie dans l’économie locale (construction ou entretien du bâtiment, transport ou distribution pour reprendre vos propres termes).

Mais quelle en est la conséquence ?...

Hausse générale du prix du foncier, difficulté à trouver un logement dans le secteur privé (surtout en zone rurale), et par voie de conséquence « obligation » pour les collectivités locales disposant de peu de moyens, et incapables de construire des logements dits « sociaux », de résoudre une crise permanente de logements…

Impossibilité pour les agriculteurs d’acquérir ou de louer des terres exploitables (terres arables, proches de cours d’eau, accessibles en voiture, etc.) et défaillance des SAFER ou des Associations Foncières Pastorales –quand elles existent – incapables de s’opposer à la vente de terrains à vocation agricoles… Le métier de berger est en chute libre. Mais comment, dans les conditions actuelles, encourager de nouvelles vocations ?...

Et demain – à plus ou moins court terme – si nos traditions agro-pastorales qui sont l’image même de notre société insulaire s'effacent complètement… Que pourrons-nous donc offrir au touriste de passage en guise de « vitrine » : un corps vidé de toute substance ?...

Ceci n’est qu’un des aspects du problème que vous avez si bien su cerné. Et je vous encourage à poursuivre.

Amitié. JF