par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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Tourisme et hébergements collectifs marchands : l’état des lieux en Méditerranée




Tourisme et hébergements collectifs marchands : l’état des lieux en Méditerranée
Les flux touristiques profitent moins à l’hôtellerie en Corse

Pour conclure une semaine passée à mettre en perspectives des données relatives à la natalité et à la pauvreté, nous abordons ici la question de la structure de l’hébergement collectif marchand (HCM, hôtellerie, camping et assimilés) dans les autres îles de la Méditerranée.

L’idée est de voir le contenu en nuitées HCM des flux touristiques, en regardant le ratio : somme des flux de transport entrée+sortie de passagers / nuitées. Plus ce rapport est bas, moins il faut de flux pour générer des nuitées HCM, donc plus le tourisme est rentable pour ce secteur. En 2008, ce calcul donne un résultat de 1,03, c'est-à-dire que pour avoir une nuitée dans l’hébergement HCM il faut 1,03 flux. Pour la seule hôtellerie, le rapport est nettement plus défavorable, car le ratio monte à 2,18, soit une nuitée pour 2,18 flux.

Tourisme et hébergements collectifs marchands : l’état des lieux en Méditerranée
La Corse se positionne plutôt mal en Méditerranée. En effet, mise à part la Sardaigne, les autres îles ont toutes des ratios inférieurs à 1. Ainsi, les Baléares avaient un ratio de 0,60 en 2008, Chypre de 0.54 et le record est détenu par les Canaries, avec 0,41. Pour les hôtels uniquement, la situation est encore plus défavorable à la Corse (et à la Sardaigne), car les écarts entre le résultat de la Corse et ceux des autres régions sont très importants. Ainsi, pour un même nombre de flux de transport, l’hôtel « moyen » des Baléares ou des Canaries va récupérer 3 fois plus de nuitées que son homologue corse, 4 fois plus si il s’agit d’un hôtel chypriote.

Les pertes de part de marchés s’accentuent pour ce type d’hébergement

De plus, les graphiques précédents montrent que, du point de vue du secteur HCM, la rentabilité des flux touristiques baisse depuis le début des années 2000. La tendance est globalement la même pour toutes les régions étudiées. La raison est le développement dans toutes les îles des résidences secondaires et des locations individuelles. Portée par une flambée immobilière généralisée en Europe, ce type d’hébergement a gagné des parts de marchés. Toutefois, la situation en Corse se dégrade plus vite qu’ailleurs. Notamment, pour les hôtels, les pertes de parts de marchés sont conséquentes depuis 2001.

Des parts de marchés perdus malgré des coûts pas plus élevés

L’écart entre la Corse et les autres îles pourrait être expliqué par les différences de coûts supportés par le secteur de l’hôtellerie/restauration. En effet, les salaires par emploi sont nettement plus élevés en Corse, avec en moyenne 17 000 euros pas an pour l’ensemble du secteur, contre 9 200 euros en Sardaigne ou 13 000 euros à Chypre. Toutefois, les Baléares, tout en ayant des meilleurs résultats (ratios plus faibles, cf. graphiques précédents), ont des niveaux de salaires proches (16 200 euros par an et par emploi) et la Sardaigne, malgré un salaire presque deux fois inférieur, a des performances similaires.


Tourisme et hébergements collectifs marchands : l’état des lieux en Méditerranée
Une explication plus plausible se trouve dans l’investissement (cf. graphique ci-contre). En effet, depuis le début des années 2000, l’investissement moyen d’un établissement de l’hôtellerie/restauration a été de 21 300 euros par an en Corse, contre 48 500 aux Baléares. Cet écart important semble indiquer une situation de sous investissement. La Corse et la Sardaigne sont les deux îles qui investissent le moins. Ce sont aussi celles qui ont les plus mauvaises performances en termes de rentabilité des flux touristiques pour le secteur HCM.

Une situation qui fait perdre de l’argent à la Corse

Les éléments décris ci-dessus posent problème au-delà du secteur de l'hébergement collectif marchand. Ils contribuent à diminuer les retombées économiques du tourisme en Corse. Par exemple, l’enquête 2008 de l’ATC montre que la dépense moyenne d’un touriste logé dans l’hébergement marchand (inclus ici les locations saisonnières) est supérieure de 31 € par jour par rapport à un touriste logé dans le non marchand. De plus, le contenu en emploi et en valeur ajoutée d’une nuitée dans l’hébergement individuel (payant ou non) est bien moindre que dans le collectif.

Vendredi 9 Octobre 2009
Guillaume Guidoni