par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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Banque de France, enquête de février




Banque de France, enquête de février
Depuis plusieurs mois des signaux qualitatifs compatibles avec une stagnation économique

La Banque de France vient de mettre en ligne les résultats de l’enquête de conjoncture pour le mois de février (mois sous revu : janvier).

Les signaux envoyés par cette enquête sont un peu plus favorables que fin 2009. Notamment pour les entreprises liées au bâtiment. Il est encore trop tôt pour parler de moral en voie d’amélioration, les enquêtes ayant montré des sautes d’humeur fréquentes ces derniers mois, car une forte incertitude demeure.

On remarque que l’enquête fait ressortir ces derniers temps une concurrence plus intense au sein du tissu économique ayant comme conséquence des baisses de prix. Les marges de ces dernières années sont donc sous pression. Pour les préserver, les licenciements pour les entreprises ou la recherche de gains de productivité pourraient être privilégiés.

Toujours un bon signal côté tourisme

Du côté des services touristiques, les établissements interrogés notent que « les réservations pour la prochaine saison touristique sont plutôt dynamiques. Elles amènent quelques espoirs d’une meilleure avant-saison. Le mois d’avril devrait être de bonne facture. » Compte tenu de l’importance de l’activité touristique comme amortisseur de la crise économique, il faudra suivre de près cela jusqu’au mois de mai.

L’enquête auprès des entreprises 2010 : peu d’emplois et d’investissements

La BDF publie traditionnellement en février son baromètre de l’année à venir concernant l’emploi, l’investissement et le chiffre d’affaire. Cette année, les résultats mettent en évidence une reprise économique pauvre en emploi.

En effet, dans toutes les branches (cf. tableau ci-contre) la reprise est marquée pour les ventes (=chiffre d’affaire, nous supposons), avec des réalisations attendues par les entreprises en hausse autour de 3 % (non corrigée de l’inflation), sauf dans la distribution (+1,5 %). Ceci fait suite à une année 2009 mauvaise partout, sauf dans le BTP.

En revanche, cette reprise des ventes ne s’accompagne pas d’une reprise marquée de l’emploi. Certes, les entreprises prévoient des créations d’emplois, mais sur des rythmes modestes (+1 % pour l’effectif salarié, sauf commerce : +0 %). On est loin des niveaux de 2005-2007. On retrouve ici les gains de productivité soulignés plus haut.

Enfin, les intentions des entreprises sont globalement négatives pour l’investissement. On n’a pas ici de données sur la promotion immobilière, dommage compte tenu de son importance dans l’investissement. On regrettera la disparition des chiffres pour l’investissement en 2010, au profit de + ou - énigmatiques.

En conclusion, l’enquête BDF fait ressortir une anticipation de reprise de l’activité, mais encore pauvre en emplois et en investissements. Par conséquent, ceci pourrait se traduire par une faible croissance en 2010, après une année 2009 probablement en stagnation. Notez les profondes difficultés rencontrées par la distribution, complètement cohérentes avec notre analyse.


Banque de France, enquête de février
L’enquête 2010 et sa comparaison par rapport à celle de 2009

Via le tableau ci-contre, il est possible de comparer les anticipations réalisées l’année dernière (prévision des entreprises pour 2009) avec le réalisé déclaré cette année. Du côté de l’emploi les entreprises ne sont pas tombées trop loin de leur prévision (logique car elles contrôlent pleinement ce paramètre), sauf pour le BTP. Du côté des ventes, l’écart est plus important et montre que la crise a été très mal anticipée par les services et la distribution.

Les principaux commentaires de la Banque de France

« La production industrielle a été légèrement mieux orientée sur le début de l’année. Les industries des biens d’équipement et intermédiaires, après un mois de décembre en demi-teinte, rebondissent et tirent cette tendance.
La demande s’est dynamisée durant la période, sous l’effet d’un nombre important d’appels d’offres et de quelques nouveaux débouchés continentaux. La concurrence est toujours vive. Elle pèse sur les prix des produits finis. Ceux des approvisionnements sont également en baisse.
Les carnets de commandes, qui n’ont pas retrouvé la profondeur de l’an passé, se sont légèrement améliorés. De fait les anticipations, modestes pour le prochain mois, pourraient être plus optimistes à moyen terme.

L’activité dans les services marchands s’est légèrement renforcée sur le mois de janvier, les réalisations ont été globalement conformes à la saison. Quelques hausses tarifaires ont été pratiquées. La demande est restée de bonne facture, les réservations pour l’avant saison sont assez nombreuses. Les prévisions pour le prochain mois montrent un optimisme mesuré, qui se renforce à partir d’avril. »

Lundi 15 Février 2010
Guillaume Guidoni