par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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Vacances et Padduc




Dernière et rapide note avant de partir en vacances et de délaisser ce site.

Juste pour vous dire que le Padduc est enfin disponible sur le site de la CTC (partie objectifs et partie orientations.

En fait, j’ai été assez déçu, le document reste très largement dans le déclamatoire, mais c’est sans doute aussi une résultante des contraintes listées, à savoir :
« Il s'agit :
- d'un document d'aménagement et de développement
- a les mêmes effets qu'une directive territoriale d'aménagement, il peut donc préciser les modalités d'application des lois
- vaut schéma régional des transports, et schéma de mise en valeur de la mer
- définit les principes de localisation des grands équipements et infrastructures
- précise les orientations de la Collectivité Territoriale de Corse dans certains domaines
- veille à la cohérence des politiques de la Collectivité Territoriale de Corse avec celles de l'Etat et des autres collectivités
- n'est pas un catalogue de politiques ou de programmes
- n'a pas à se préoccuper des moyens de financement
- ne peut modifier les lois en vigueur
- ne peut empiéter sur les compétences des autres collectivités
- opposable aux tiers, les documents d'urbanisme devront être mis en compatibilité avec lui »

Pour la partie objectifs, elle comprend un diagnostic, notamment économique, qui est très largement insuffisant. Il y finalement peu d’argumentations, ce qui, je pense, le rend en grande partie inefficace (comme document amenant au consensus, au moins l’état des lieux). Un diagnostic pose des faits, et force est de constater qu’ils ne sont pas assez présents. Bien trop court donc ; dommage.

Sinon, la croissance moyenne en volume de la Corse entre 1996 et 2006 est soit de 2,8 % (en incluant la croissance annuelle de 1996), soit de 3,2 % (en l’excluant) et pas de 3 % comme cité dans le document. Pour le reste, il est souvent fait référence au recensement de 1999 pour les données infra-régionales, mais dans leur grande majorité, les données regardées sont disponibles à des dates plus récentes (sur le site de l’Insee).

Enfin, petite cerise sur le gâteau, ce passage, page 51 :
« Avec maintenant 0,45% de la population de la France métropolitaine – données 2004 –, elle n’entend plus être à la source de seulement 0,35% du produit intérieur brut national – données 2002 –. C’est pourquoi elle s’assigne cet objectif premier d’une croissance plus forte, plus ambitieuse et plus durable que celle qui a marqué les décennies passées.
Cet objectif, elle le concrétise par un chiffre : un taux de croissance de 5% par an. »

Déjà, pourquoi 2004, alors que la population est disponible en 2007 ? Idem pour le PIB. Mais, surtout 5 % de croissance potentielle (voir en bas de page) ? Sachant que l’on table sur une croissance de la population autour des rythmes actuels, soit 1 % par an, cela implique une croissance de la productivité du travail de 4 % par an (sans apport progrès technique). Il va falloir s’accrocher car aujourd’hui, la Corse arrive à peine (approximé par la croissance du ratio PIB en volume sur emploi salarié) à faire du -0,1 % par an en moyenne entre 2002 et 2006, et un maigre +0,2 % en moyenne entre 1996 et 2006 (logique toutefois dans un contexte de forte créations d’emplois et d’économie basée sur des secteurs à faible intensité en qualification, non producteur et peu utilisateur de « connaissances »). Donc un objectif, qui paraît bien peu réaliste, sauf à imaginer un choc technologique qui mettrait la Corse parmi les régions de pointe en termes d’économie de la connaissance. Il aurait fallu expliquer en quoi passer d’une économie tourisme-construction à la Sillicon Valley en 5-10 ans c’est réaliste, quoique, ensemble, tout est possible et, à la limite, on pourra toujours aller les chercher avec les dents les 5 %.

croissance potentielle = croissance de la population active + croissance de la productivité du travail + croissance de la productivité totale des facteurs (progrès technique)

Lundi 11 Août 2008
Guillaume Guidoni