par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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Saison touristique, les chiffres en Méditerranée




Saison touristique, les chiffres en Méditerranée
L’île se distingue de ses principales concurrentes

En lien avec le bilan de l’ATC concernant la saison touristique, il paraît utile de rappeler les données que nous avions déjà abordées à l’automne denier concernant la saison corse comparée à celle de ses camarades îliennes.

En ne regardant que les résultats concernant les flux de transport, la Corse a réalisé en 2009 une performance remarquable. Pour la 5e année consécutive, l’île a ainsi vu le nombre de passagers (air+mer) progresser fortement durant la saison touristique (on considère dans ce qui suit les chiffres pour les mois allant de juin à septembre), avec une hausse de plus de 7 %. Comparativement, La saison a été nettement moins favorable dans les autres îles méditerranéennes.

Ainsi, hormis pour la Sardaigne (pas de données régionales, extrapolation à partir des flux enregistrés à l’aéroport de Cagliari), les autres îles ont toutes connu une baisse importante de la fréquentation. Pour Chypre et les Canaries, plus de 10 % de recul, ailleurs autour de 6 % de baisse. D’ailleurs, depuis plus de 10 ans (hormis la période 2004-2005), la Corse a plutôt été leader en termes de progression de la fréquentation. La forte baisse pour les autres îles en 2009 a accentué l’écart. Ainsi, la progression entre 2000 et 2009 des flux a été proche de 30 % en Corse, contre +23 % aux Baléares, autour de +10 % à Madère/Chypre/Malte. Sur la même période, les canaries ont perdu 3 % de leur fréquentation.

Pour les nuitées en hôtels classés (uniquement, sans camping et autres hébergements collectifs), là encore la Corse a fait une saison plus qu’acceptable en comparaison. Les nuitées sont restées quasiment stables (-0,3 % sur la période juin-septembre). Or, dans le même temps, les nuitées ont plongé de 22 % à Chypre, île de loin la plus touchée. Les autres îles ont perdues autour de 10 % de leurs nuitées, à l’exclusion des Baléares (-7 %). Pour la Sardaigne, de la même façon que pour les flux, les données précises ne sont pas disponibles mais il semble que l’évolution soit proche de celle de la Corse, voire légèrement plus positive. Ainsi, la Corse a comparativement limitée la casse, y compris pour ses hôtels. Ainsi, pour Chypre ou les Canaries, 2009 pourrait être considérée comme une quasi-dépression touristique et comme une récession sévère ailleurs.

Il convient de garder en tête lorsque l’on regarde ces résultats que la structure de l’hébergement est très différente d’un pays à l’autre. Ainsi, en 2008, 10 % des nuitées touristiques ont été passé dans des hôtels en Corse. En revanche, dans les autres destinations, se sont les hôtels qui dominent très largement.

Plus de flux, plus d’argent ?

En Corse, les campings ont connu un bon de nuitées supérieur à 10 %. Cet indicateur laisse penser qu’il y a eu une fréquentation à moindre pouvoir d’achat l’été dernier. Qu’en penser au vu des données ATC.

Mais, il faut regretter le manque de statistiques précises sur le revenu dégagé par touriste. Il est donc difficile de conclure si le revenu touristique total a crû ou baissé en 2009. Néanmoins, dans l’enquête de conjoncture de l’ATC, les indications sont plutôt à la baisse, avec 59 % des professionnels qui jugent que sur la saison la clientèle française (qui archi-domine) a diminué ses dépenses. Seuls 3 % pensent qu’elle a augmenté. D’ailleurs c’est dans les campings que l’on trouve le plus de professionnels jugeant que la dépense moyenne a reculé (66 % de répondants).

C’est significatif. En effet, il suffirait que la dépense par touriste ait reculé nettement cet été pour qu’au global le chiffre d’affaire du tourisme ait stagné en 2009 malgré une belle fréquentation. Encore une fois, difficile de conclure, mais tout de même on est enclin à croire que cela a été en partie le cas.

Dans d’autres îles (Malte, Chypre et Madère), cette statistique est disponible. Mais, l’on remarque que la dépense par tête est en baisse partout : fortement à Chypre (-10 % sur un an) et Madère (-17 %), faiblement à Malte (-1 %). Si une baisse comparable à celle de Chypre ou de Madère a eu lieu cet été en Corse, elle annulerait tout l’effet positif sur l’économie de la hausse de la fréquentation. En revanche, si l'évolution est plus proche de celle observée à Malte, alors la Corse a quand même gagné au change.

Lundi 1 Février 2010
Guillaume Guidoni