La presse Internet et papier s’est largement fait écho d’une étude (cabinet Astérès) sur les conséquences de la crise sur les régions françaises. On y apprendrait notamment que la Corse serait la seule région de France à ne pas entrer en récession en 2009. Je précise que je n’ai pas eu l’étude en main, je me fis donc aux coupures de presse.
Mais malheureusement, si on lit les journalistes, les conclusions du rapport semblent pour le moins fragiles car il est vain de vouloir faire des prévisions de croissance pour les régions françaises.
Ceci pour plusieurs raisons :
- on ne dispose pas de séries de prix régionales, ce qui déjà pose des problèmes de construction d’un « vrai » PIB en volume (croissance = croissance du PIB en volume, soit déflaté de l’évolution des prix). Comme le dit l’Insee : « Les PIB en volume doivent être utilisés avec prudence car ils ne découlent pas du calcul d'un indice de prix régional :
- faute de sources disponibles, les prix sont supposés évoluer de manière identique sur tout le territoire. C'est bien le cas dans le cadre d'un marché unique où les conditions locales ont une faible influence. Mais en pratique, cette hypothèse peut ne pas être vérifiée pour certaines branches (par exemple, les prix de l'immobilier n'évoluent pas au même rythme dans toutes les régions) ou pour certains territoires spécifiques ;
- l'indice de prix national d'une branche dépend de la composition de cette branche en sous-branches. Or l'importance relative des sous-branches diffère selon les régions. Les indices de branche nationaux ne sont donc que des approximations des indices régionaux qui seraient calculés si la répartition régionale des biens à un niveau plus fin était disponible. »
- on ne dispose pas de la structure du PIB régional par les dépenses (consommation, investissement, exportations, importations). Il est impossible de dire qu’une région va mieux résister car la consommation va mieux se tenir. Y compris s’il y a beaucoup de retraités ou de fonctionnaires. Aucun élément ou aucune donnée historique ne permettent d’étayer cette hypothèse ;
- on n’a accès pour les régions qu’à des PIB annuels publiés près de 2 ans après (ainsi PIB 2007 disponibles fin 2008). La première publication est de plus sujette à d’importantes révisions, et ce longtemps après la 1e parution. Ainsi, les PIB de 2005 et de 2006 ont été fortement révisés en 2008. Par conséquent, en faisant une prévision début 2009 sur une donnée qui ne sera disponible que fin 2010, on ne prend pas trop de risque d’être contredit rapidement ;
- faire une prévision pour 2009 est déjà très compliquée pour les économies très bien couvertes statistiquement (genre USA, zone euro, Japon, bref les pays développés). Les incertitudes sont actuellement très importantes. En gros, les économistes qui font des prévisions, dont je suis, n’ont pas de visibilité au-delà du 1er semestre de 2009 (reprise molle ou plus soutenue ou bien encore récession, c’est l’inconnue). Alors, faire l’exercice pour des économies où les vides statistiques sont béants (sur la consommation ou l’investissement, mais aussi sur les exportations vers d’autres régions françaises, etc.) et où on ne pas peut faire de vraies analyses conjoncturelles (faute d’indicateurs disponibles régionalement), c’est mission impossible.
Ce qu’il est possible de faire en revanche, c’est une analyse de risques. Dire qu’une région semble mieux placée qu’une autre pour affronter la crise. Là-dessus on peut faire une étude (mais encore une fois, attention aux vides statistiques). Mais faire un exercice de prévision est presque ridicule…
Enfin, pour finir sur cette résistance attendue. Comment une économie qui dépend fortement du tourisme (donc de la richesse des ménages extérieurs) et de la construction (pas vraiment en forme en ce moment), va pouvoir être la région la plus performante de France ? Les derniers chiffres (chômage, mises en chantier, ventes de logements neufs, défaillances d’entreprises…) sont tous mauvais. C’est ça la résistance ? On risque d’attendre longtemps la relance par le minimum vieillesse, l’emploi saisonnier et le fonctionnaire cadre C !
Mais malheureusement, si on lit les journalistes, les conclusions du rapport semblent pour le moins fragiles car il est vain de vouloir faire des prévisions de croissance pour les régions françaises.
Ceci pour plusieurs raisons :
- on ne dispose pas de séries de prix régionales, ce qui déjà pose des problèmes de construction d’un « vrai » PIB en volume (croissance = croissance du PIB en volume, soit déflaté de l’évolution des prix). Comme le dit l’Insee : « Les PIB en volume doivent être utilisés avec prudence car ils ne découlent pas du calcul d'un indice de prix régional :
- faute de sources disponibles, les prix sont supposés évoluer de manière identique sur tout le territoire. C'est bien le cas dans le cadre d'un marché unique où les conditions locales ont une faible influence. Mais en pratique, cette hypothèse peut ne pas être vérifiée pour certaines branches (par exemple, les prix de l'immobilier n'évoluent pas au même rythme dans toutes les régions) ou pour certains territoires spécifiques ;
- l'indice de prix national d'une branche dépend de la composition de cette branche en sous-branches. Or l'importance relative des sous-branches diffère selon les régions. Les indices de branche nationaux ne sont donc que des approximations des indices régionaux qui seraient calculés si la répartition régionale des biens à un niveau plus fin était disponible. »
- on ne dispose pas de la structure du PIB régional par les dépenses (consommation, investissement, exportations, importations). Il est impossible de dire qu’une région va mieux résister car la consommation va mieux se tenir. Y compris s’il y a beaucoup de retraités ou de fonctionnaires. Aucun élément ou aucune donnée historique ne permettent d’étayer cette hypothèse ;
- on n’a accès pour les régions qu’à des PIB annuels publiés près de 2 ans après (ainsi PIB 2007 disponibles fin 2008). La première publication est de plus sujette à d’importantes révisions, et ce longtemps après la 1e parution. Ainsi, les PIB de 2005 et de 2006 ont été fortement révisés en 2008. Par conséquent, en faisant une prévision début 2009 sur une donnée qui ne sera disponible que fin 2010, on ne prend pas trop de risque d’être contredit rapidement ;
- faire une prévision pour 2009 est déjà très compliquée pour les économies très bien couvertes statistiquement (genre USA, zone euro, Japon, bref les pays développés). Les incertitudes sont actuellement très importantes. En gros, les économistes qui font des prévisions, dont je suis, n’ont pas de visibilité au-delà du 1er semestre de 2009 (reprise molle ou plus soutenue ou bien encore récession, c’est l’inconnue). Alors, faire l’exercice pour des économies où les vides statistiques sont béants (sur la consommation ou l’investissement, mais aussi sur les exportations vers d’autres régions françaises, etc.) et où on ne pas peut faire de vraies analyses conjoncturelles (faute d’indicateurs disponibles régionalement), c’est mission impossible.
Ce qu’il est possible de faire en revanche, c’est une analyse de risques. Dire qu’une région semble mieux placée qu’une autre pour affronter la crise. Là-dessus on peut faire une étude (mais encore une fois, attention aux vides statistiques). Mais faire un exercice de prévision est presque ridicule…
Enfin, pour finir sur cette résistance attendue. Comment une économie qui dépend fortement du tourisme (donc de la richesse des ménages extérieurs) et de la construction (pas vraiment en forme en ce moment), va pouvoir être la région la plus performante de France ? Les derniers chiffres (chômage, mises en chantier, ventes de logements neufs, défaillances d’entreprises…) sont tous mauvais. C’est ça la résistance ? On risque d’attendre longtemps la relance par le minimum vieillesse, l’emploi saisonnier et le fonctionnaire cadre C !