par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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La politique économique ? Yes, we can


Demain, on rase à 40 € A/R



Ce mois dans Corsica, un entretien intéressant du président d’Easy jet France. Bien évidemment il faut faire la part des choses, il vend son fromage. Mais, je retiendrais principalement le passage sur les politiques touristiques.

« Il faut bien comprendre que c'est à la Corse et à elle seule qu'il revient de définir sa politique touristique. Nous autres, transporteurs, nous ne faisons que nous y adapter. Le Maroc a mis en place, il y a quelques années, une véritable politique touristique. Des objectifs chiffrés ont été définis et on a créé les infrastructures nécessaires pour y parvenir : hôtels, aéroports... tout a été développé de concert. En Corse, il y a peut-être une réflexion mais rien de semblable n'existe. »

Il fait référence au Maroc, mais il est évident que des politiques touristiques sont définies partout (« En Espagne justement, il y a toute une réglementation qui garantissent aux habitants des Baléares un prix constant pour leurs déplacements sur la péninsule. »).

Pour moi, ceci soulève un point important, à savoir la nécessaire définition d’axes de politiques économiques qui sortent des déclarations d’intentions. Si les plans, schémas et autres politiques ne manquent pas en Corse, on peut se demander si l’ensemble des enjeux est vraiment pris dans sa globalité.

Par exemple, la continuité territoriale a distribué entre 2004 et 2007 704 M€, soit, 2,9 % du PIB corse par an en moyenne, sous forme de subvention directes à des compagnies de transport de droit privé, détenues ou non par des autorités publiques. Or, lors de la redéfinition des accords contractuels, que ce soit maritime ou aérien, aucun document n’a apporté une claire évaluation de l’intérêt de cette politique. Or, pour un montant aussi important, on peut quand même s’attendre, tous les 4 ans, à voir publier un document argumentant des avantages et inconvénients. Bref, de savoir pourquoi il faut distribuer des sommes aussi importantes d’argent public.

De plus, concernant le tourisme, où va-t-on ? Souhaite-t-on augmenter le nombre de touriste séjournant en Corse ? Or, dans un contexte d’intensité touristique (22 451 nuitées touristiques par habitant en 2005, le record des îles de méditerranées) déjà élevé, augmenter le nombre de touristes a aussi un coût en terme (par exemple : infrastructures de transport, système de santé, impact sur le marché de l’emploi et les salaires, utilisation et traitement des eaux, prévention des impacts environnementaux, éventuelle taxation, diversification de l’économie…). En parle-t-on ? Ce coût est-il justifié par rapport aux gains ? Ceci peut être appliqué à la politique agricole, la politique énergétique, la politique de formation…

De plus, inutile de prévoir de dépenser 2 Md€ sur x années, si, par exemple, on peut à peine arriver à mobiliser la moitié de cette somme.

Bref, définir une politique publique, c’est du gros boulot et quand on voit la longue et difficile gestation du Padduc, visiblement la CTC a du mal (mais, il faut bien admettre que ce n’est pas facile).

Mercredi 6 Août 2008
Guillaume Guidoni