par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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La formation en Corse


Le manque de formation (au sens de diplôme) est une réalité connue dans l’île. Ceci se traduit par une proportion d’actif n’ayant aucun diplôme y compris CAP et BEP nettement plus importante que sur le Continent.



La formation en Corse
Une population active moins formée qu’au niveau national, y compris chez les jeunes

Le manque de formation (au sens de diplôme) est une réalité connue dans l’île. Ceci se traduit par une proportion d’actif n’ayant aucun diplôme y compris CAP et BEP nettement plus importante que sur le Continent. Ainsi, pour la population de 20 à 65 ans, la part des non diplômés (auquel on ajoute ceux ayant seulement le BEPC) est de 36 % en Corse, contre 29 % pour la France métropolitaine. Il existe une grande différence entre les classes d’âge. Ainsi, pour ceux ayant entre 55 et 64 ans, la proportion des sans diplômes est de 50 % en Corse, contre 45 % au niveau national. Logiquement, du fait de l’allongement de la scolarité et sa généralisation au cours depuis les années 60, la qualification croît lorsque l’on se rapproche des classes d’âge plus récentes.

Toutefois, en Corse, les classes jeunes restent nettement moins diplômées qu’au niveau national. Ainsi, parmi les 25-39 ans, 26 % sont sans diplômes contre 19 % sur le Continent. De plus, la Corse se distingue aussi par une part plus faible de diplômes professionnalisant (CAP, BEP ou bac technique te pro) et de diplômes universitaires. Considérant ce dernier point, seul 28 % des 25-39 ans sont diplômés du supérieur, contre 37 % au niveau métropolitain.


La formation en Corse
Par conséquent, le lecteur attentif l’aura compris, il existe une seule catégorie où la Corse est au-dessus de la moyenne nationale, c’est la proportion de personnes n’ayant qu’un bac général pour toute formation. Ainsi, 15 % des 20-24 ans et 14 % des 25-39 n’ont qu’un bac, contre 8 % dans les deux catégories en France métropolitaine. Bref, la Corse se caractérise par un déficit de diplôme partout, sauf pour ce qui est du diplôme inutile sur le marché du travail qu’est le bac général. La proportion sans qualifications chez les jeunes reste inquiétante sachant que près du quart des 20-24 ans sont sortis du système scolaire sans aucun diplôme.

Un problème de demande pour les diplômes universitaires

Du côté des titres universitaires, la Corse est certes en dessous du niveau national. Toutefois, c’est aussi l’une des conséquences du manque de demande sur le marché du travail pour des jeunes diplômés du supérieur. En 2008, seul 6 % des actifs ayant un emploi (on ne compte donc pas les chômeurs) ont un tel diplôme dans l’île, soit 5 200 personnes. On est très loin du niveau national (17 %) ou de l’île de France (28 %). Pour comparaison, la région PACA et le Languedoc-Roussillon sont à 17 %.

Si l’on considère que le secteur public truste une part très importante de ces personnes, ceci fait un vivier d’emploi d’à peine 3 000 emplois dans le privé sur un total de 92 900 actifs occupés. Difficile dans ces conditions de promouvoir les études supérieures car, si l’on veut rester en Corse, il n’est pas sûr qu’un diplôme universitaire aidera à trouver un emploi, y compris en comptant les emplois publics. L’économie corse ne semble pas très demandeuse de formation en l’état actuel.


La formation en Corse
Au final, un manque de formation pose problème partout, y compris dans les secteurs « traditionnels »

Une autre particularité du tissu économique corse est la proportion très importante d’entrepreneur dans l’emploi. 20 % des actifs ayant un emploi sont des non-salariés, soit le double du niveau national. Or, du fait du manque de formation y compris professionnalisante (CAP, BEP ou bac pro), ces entrepreneurs sont de fait nombreux et peu formés. Or, les défis liés à la gestion d’une entreprise font qu’il est difficile de considérer ceci comme un atout.

Plus largement, si l’économie corse n’a que peu besoin de diplômes universitaires, ce n’est pas vraiment le cas des diplômes de l’enseignement techniques cités précédemment. Par exemple, pour la construction les formations sont nécessaires dans beaucoup de corps de métier. Le fait que les salariés de ces secteurs soient peu formés est négatif en termes de productivité, de qualité mais aussi de sécurité.

Au final, le manque patent de formation n’est pas qu’un problème lié au manque de master ou de doctorants dans l’île. Il touche l’ensemble des diplômes « utiles ». A l’inverse, il semble que l’on pousse trop souvent les jeunes à faire un bac général sans rien d’autre. Ceci nuit à la fois aux jeunes, qui ne disposent d’aucune qualification utilisable sur le marché du travail, et à l’économie, ceci privant les secteurs « traditionnels » d’une main d’œuvre formée.

Jeudi 27 Mai 2010
Guillaume Guidoni