par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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Combien la France coûte à la Corse ?


La Corse coûte 3,6 milliards à l'Etat certes, mais combien coûte l'Etat à la Corse ?



Combien la France coûte à la Corse ?
A la suite d'une communication de la Préfecture de Corse sur ce que l'Etat et les administrations de sécurité sociale dépenses en Corse (cf. article de corse-matin), quelques personnes se pose la question de savoir ce que l'Etat prélève comme impôts en Corse. D'ailleurs, si quelqu'un a les données précises sur ces dépenses, nous serions heureux de pouvoir les consulter.

Si le secteur public hors collectivités locales dépense près de 3,6 milliards d'euros, il perçoit aussi dans l'île des impôts et cotisations de toutes les sortes. D'ailleurs la pression fiscale ne cesse d'augmenter en Corse.

Faire la balance complète est impossible en l'état des données mais on peut lister les prélèvements suivants :
  • Sur les ménages (particuliers et entrepreneurs individuels ; source : Insee - revenu disponible régional) : 632 millions d'euros d'impôts (revenu, ISF et autres impositions sur les revenus) et 514 millions d'euros de cotisations sociales (salariés et non-salariés, hors cotisations sociales patronales) ;
  • Droit d'enregistrement (n'inclut pas ce qui revient aux communes et départements) : 21 millions d'euros en 2010 (source : DGFIP) ;
  • Sur les entreprises : environ 700 millions d'euros de cotisation employeurs (secteur privé uniquement, calcul à partir de la masse salariale et taux moyen de cotisations patronales), 112 millions d'euros d'impôt sur les sociétés (source : DGFIP), 32 millions d'euros de taxe sur les salaires (source : DGFIP) ;
  • TVA : 283 millions d'euros en 2010 (y compris TVA à destination de la Sécu ; source : DGFIP)) ;
  • Taxes diverses (partde l'Etat dans la TIPP, TVA carburants) : environ 100 millions d'euros.

On arrive donc à un total partiel d'environ 2 400 millions d'euros de pression fiscale en Corse pour l'année 2010.

A noter que les impôts locaux représentent 250 millions d'euros et les droits de mutations 43 millions d'euros en 2012.

Il existe donc, à ce stade et sans tout inclure comme prélèvements et impôts, un écart de 1,2 milliards d'euros entre les dépenses et les recettes. Montant conséquent.

Toutefois, pour ramener ce chiffre à un déficit public total en % du PIB, il ne faut pas oublier de retirer les dotations de l'Etat aux collectivités locales, dépenses de l'un et recettes des autres (740 millions d'euros, sinon on compte deux fois un transfert interne qui n'impacte pas la dépense globale finale), et de rajouter le déficit des collectivités locales (environ 150 millions d'euros).

On a donc un déficit public autour de 650 millions d'euros, soit près de 8 % du PIB de la Corse en 2010. Cette année là, le déficit public pour l'ensemble de la France a atteint 7,1 % du PIB sur l'ensemble du territoire (137 milliards d'euros Etat+Sécu+collectivités locales). Au final, la différence de déficit existe mais n'est pas gigantesque.

La Corse coûte donc plus qu'elle ne rapporte, mais c'est le cas de toutes les régions françaises. C'est ça le déficit public.

EDIT : je précise que dans mon esprit, le chiffre de déficit précédent n'a pas de valeur stricto sensu, car c'est juste une idée pas une statistique validée par Eurostat. Le but de l'article était juste de montrer que parler du côté dépenses uniquement comme l'a fait la préfecture de région, de façon générale et sans permettre de contrôler les chiffres en les publiant avec tous les détails et un historique pertinent, est aussi idiot que d'écrire un article intitulé : "Que coûte la France à la Corse ?"

Mardi 9 Avril 2013
Guillaume Guidoni


1.Posté par JB Pieri le 09/04/2013 13:17
Merci Guillaume pour cet exercice de "fact-checking" contribuant à rétablir la vérité... Vérité allègrement "tordue" par l'exercice journalistique de la semaine dernière.

En complément, il serait intéressant d'analyser aussi le différentiel dépôts bancaires+épargne/encours, c'est à dire l'épargne appartenant aux insulaires et non réinjectée dans l'île par les banques et assureurs, en stock et en flux annuels.

Cela permettrait d'affiner le raisonnement et de renverser l'idée (peut-être) fausse, communément répandue, selon laquelle la Corse coûte à la France...

Amicales salutations,
JBP

2.Posté par PIETRI Jerome le 09/04/2013 13:44
Effectivement ça fait du bien de consulter une véritable information.

3.Posté par simoni le 09/04/2013 14:01
Merci Guillaume, Cet article de Nice-Matin m'a donné des crampes au vendre.

Le but de cette conférence de presse est de rappeler à la Corse comme est dépendante de la France. C'est déjà un aveux que la Corse n'est pas complètement la France mais ça on le savait déjà il suffit d'ouvrir un livre d'histoire pour savoir que nos ancêtre sont les étrusques et non pas les Gaulois....

Il ne tient qu'à l'état de supprimer la sur-administration de la Corse.
Qui ne fait que privé le secteur privé de talent.
Il ne tient qu'à l'état d'arrêté de subventionner la SNCM...
Alors que la géographie aurait du s'imposer avec des liaisons sur Livourne.
Il ne tient qu'à l'état d'arrêté quelques dizaines d'assassins
Au lieu d'utiliser ce climat pour justifier sa présence.

Bref merci encore Guillaume !!!

p.s : Je remercie également Nice-Matin de nous rappeler régulièrement à quelle point les blogs sont indispensable....

4.Posté par Jean Hugues Robert le 09/04/2013 14:16
Twitter
8% versus 7,1%... Ca interroge !

Est-ce dire que l'écart de productivité entre la Corse et ailleurs est de l'ordre de 1% ? Que 100+1 corses produisent de la richesse avec autant d'efficacité que 100 continentaux ?

Si c'est vrai, ça veut dire que les corses, en dépit d'handicaps incontestables, font presque aussi bien (ou mal...) qu'ailleurs ?

Si l'on songe à l'impact positif majeur en terme de productivité qu'aurait des investissements au service des infrastructures locales, il s'en faudrait donc de peu que l'investissement en Corse soit "rentable" voire même très rentable ?

Mais alors, pourquoi personne ne l'organise cette rentabilité ?

La Corse vertueuse échappe t'elle à la logique du profit à tout prix ou s'agit-t'il d'une Corse complexée, victime d'une névrose d'échec ou autre chose encore ?

Que peuvent nous dire les économistes à ce sujet ?

5.Posté par Susiini le 09/04/2013 14:22 (depuis mobile)
L etat oublie là sses bases miltaaires ou ses casernes vides qui coutent surement chêre!

6.Posté par xavierc le 09/04/2013 15:15
En l'absence de données complètes sur les dépenses de l'Etat en Corse, le calcul final de 650 millions d'euros de déficit n'est-il pas aléatoire ?
Par exemple, vous comptez dans la pression fiscale 514 millions d'euros de cotisations salariales salariés et 700 millions de cotisations patronales ; mais les dépenses correspondantes (retraites privées, allocations diverses) sont-elles toutes prises en compte, elles, dans le calcul des 3600 millions d'euros de dépense ?

7.Posté par xavierc le 09/04/2013 16:56
J'avoue humblement ne pas comprendre le fait de déduire du déficit public la dotation de l'Etat aux collectivités.
Il y a sans doute une logique comptable mais la logique tout court me semble en souffrir.
Cela revient à minorer artificiellement la dépense de l'Etat en Corse .
C'est du "coût de la Corse pour l'Etat" -et réciproquement- dont 'il est question à l'origine, et le montant de cette dotation est bien un coût pour l'Etat.
Si d'ailleurs l'Etat doublait par exemple cette dotation (1500 millions au lieu de 740), pas grand-chose ne changerait selon le calcul présenté dans l'article pour le déficit de 8% par rapport au PIB (il diminuerait même un peu), et pourtant la dépense de l'Etat serait augmentée, notablement (de 3600 millions à 4360)...
Le déficit par rapport au PIB est-il donc un bon indicateur pour savoir "ce que coûte la Corse à l'Etat" ?

8.Posté par GECODIA Team le 09/04/2013 17:44
@ xavierc
1/ Cf. EDIT de l'article
2/ Si l'on agrège Etat et administrations (ce qui est le cas si on parle de déficit public global), les transferts internes entre administrations doivent être annulés. Notamment, la dépense publique = dépenses de l'Etat + collectivités locales + sécu - transferts entre administrations. En revanche, si l'on parle de dépenses de l'Etat seules, il faut compter les dotations et transferts. C'est l'agrégation qui pose le problème du double compte.

9.Posté par Mani le 09/04/2013 20:34
"Alors que la géographie aurait du s'imposer avec des liaisons sur Livourne."

Je ne suis pas du tout de cet avis. On a réussi à se séparer les italiens et génois ce n'est pas pour y retourner.
Je préfère rester Corse avec une attache française et profiter des impôts que je paye (mais Normales les impôts, pas alimenter les régions déficitaires!!) Je veux pouvoir profiter de ma sécurité sociale car c'est prélevé de ma fiche de paye, ma retraite aussi, mes assurances aussi) En fait un statut comme la Nouvelle Calédonie serait le mieux pour avancer les choses.

10.Posté par Simoni le 09/04/2013 21:34 (depuis mobile)
Je disais seulement que la Corse est a 80 km du continent européen. Et je ne vois pas l intérêt de la Corse dans les millions d euros de continuité territoriale.... En revanche je vois celui de la France dans un monopole de destination....

11.Posté par cesari le 10/04/2013 01:19
En poussant le vice
La TVA doit été revue à la hausse
En effet, quand un corse commande à la redoute, a cdiscount, paye son forfait SFR, son eau etc, c est de la TVA qui n'est pas comptée en Corse mais dans le département du siège de l'entreprise vendeuse. Si on se lance des ces comptes, pas a exclure que la Corse rapporte....

12.Posté par Simoni le 10/04/2013 08:16 (depuis mobile)
@cesari c est exacte, Facilement 30% de la TVA du consomateur Corse doit être payé en France ...

13.Posté par Mani le 10/04/2013 11:07
@ceasri oh que oui! à ce rythme là ce n'est plus "rapporter"mais c'est carrément "entretenir". Car on parle bien de ça.
en plus d'entretenir financièrement, on accueille tout ce petit monde en vacances. Un autre problème à débattre est celui du manque de logement pour les corses. Alors qu'on voit des annonces d'hébergement qui fleurissent....pour les autres....mais ça c'est un autre débat. Peut-être sur une autre page de ce blog.
Amitiés à Tous,

14.Posté par Francescu le 11/04/2013 09:01 (depuis mobile)
Super article. Heureusement que ce blog fait le travail des journalistes.

L''état dépense 44% du PIB en Corse. Cette phrase est annoncée dans l''article du Corse-Matin.

L''état dépense 56% du PIB en France. (Source économiste en chef du FMI).

15.Posté par tcdpolo le 21/04/2013 23:08 (depuis mobile)
Si on considère que l''état dépenses pour 300 000 habitants (en corse) 3,6 milliard il devrait depenser 780 milliards pour 65 millions de français. G pas d''idée précise de la dépense globale de l''état mais il me semble qu''on est bien au dessus.

16.Posté par CESARE le 04/05/2013 12:17
Je vous lis toujours avec beaucoup d’intérêt et d’attention, mais sur ce sujet sensible il me semble qu’il ya il y a une erreur de calcul importante.

il faut mettre en face des dépenses de l'état et de l'Europe; 3600 millions, uniquement les recettes fiscales corse s'y rapportant et non pas tout ce que nous payons

par exemple

vous mettez les prestations sociales versées par les ménages 514 millions et les entreprises 700 millions ( en supposant que toutes sont réglées) mais ceci ne rentre pas pour couvrir les dépenses de l'état.
En effet dans le 3600 millions de dépenses de l é état il n’y a que les salaires de fonctionnaires actifs et pensions des fonctionnaires retraités pour environ 1 000 millions ; Donc pas les retraites du privé payées par les cotisations sociales que vous ajoutez
Et d’une façon générale, pas le cout de nos prestations médicales, de nos indemnités de chômage, retraites et pensions d'invalidité du privé, allocations familiales reçues, APL et autres

il faudrait faire ce bilan à part entre le 1214 millions théoriquement facturé que vous indiquez, celui réellement cotisé et la somme de nos allocations sociales du privé réellement perçues . Je pense qu'il doit être très largement déficitaire mais une partie de ce déficit s’explique car il y a de plus en plus de retraités qui ont cotisé sur le continent ou outre mer et qui rentrent ou viennent passer leur retraite sur notre île


au total notre déficit corse tel que vous l'entendez n'est pas de 1,2 mais de plus de 2,4 mds

et le comparer au déficit public de la France (4,8% en 2012 ) nécessite d'y rajouter le déficit de la sécurité sociale et des collectivités locales ( CF http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9ficit_public_de_la_France )

bien à vous

17.Posté par filippi le 27/06/2013 02:50 (depuis mobile)
Pourquoi les économistes ne se fédèrent ils pas dans le but d''obtenir des outils statistiques régionaux, comme en Catalogne ou dans le piemonte? Les diverses institutions y verraient plus clair, les étudiants serviraient vraiment à quelque chose

18.Posté par filippi le 27/06/2013 02:52 (depuis mobile)
Et le secteur privé se plairait à naviguer moins à vue.Il comprendrait même pour quelles raisons il doit subir une telle pression fiscale.