Face à une actualité brûlante, je réédite et arrange une note qui était sur mon précédent blog.
La vénérable Banque de France, institution qui maîtrise fort bien la transparence dans la rétention d’information, vient de libérer des statistiques régionales. Après une longue captivité (10 ans tout de même) dans une jungle inextricable d’ordinateurs, les données sur les crédits et les dépôts par régions et départements sont accessibles depuis peu, avec un historique remontant en juin 2007. D’ailleurs, vous remarquerez avec intérêt que les fichiers Excel, ce n'est pas trop leur truc à la BDF.
Que peut-on apprendre de ces données, malgré un historique ridicule. Premièrement, l’endettement total du secteur privé non-financier ( les ménages, les entrepreneurs individuels et les sociétés non-financières ) atteint 3,2 milliards d’euro fin 2007, soit environ 48 % du PIB corse. On n’a pas accès au détail entre ménages et entreprises, toutefois les crédits à l’habitat sont principalement destinés aux ménages et pèsent à eux seuls 1,8 milliards, soit 57 % du total. Viennent ensuite les crédits d’investissement (entreprises) avec 830 millions ; puis, les crédits de trésorerie avec 426 millions. Ce niveau d’endettement du secteur privé non financier est très largement inférieur à celui observé pour l’ensemble de la France, où la dette privée non financière est de 75 % du PIB fin 2007, contre une évaluation[1] à 48 % pour la Corse. Ceci est observé pour toutes les principales catégories de crédits. Cependant, les crédits de trésorerie et logement sont plus touchés : crédits-logement 35 % (France) contre 27 % (Corse) ; crédits-investissement 17 contre 12 % ; crédit de trésorerie 15 contre 6 %.
Du côté des dépôts bancaires, le total atteint 4,9 milliards d’euro, soit environ 75 % du PIB fin 2007, un niveau plus élevé que celui observé pour l’ensemble de la France (63 %). Sous cet angle, il n’y a donc pas de problème d’épargne en Corse[2]. Les dépôts bancaires sont principalement concentrés dans les comptes à vue (le compte ordinaire), avec 2 milliards d’euro, mais aussi les livrets d’épargne (type livret A et consort), avec 1,2 milliard, et PEL, avec 687 millions.
Concernant les dernières tendances et pour pallier au manque d’historique (pas de variations sur un an), en variation trimestrielle annualisée, le rythme de croissance des crédits-logement est de 13,2 % en mai 2008 (15,2 % et 13,1 % respectivement en janvier et avril) et de 7,6 % pour le crédit investissement (11,8 % et 8,1 % respectivement en janvier et avril).
Ainsi, pour apporter un peu de réalité au débat, on observe que le niveau de crédit est bien inférieur en Corse à celui observé sur le continent, principalement pour le logement et l’investissement. Toutefois, les rythmes de progression sont soutenus, ce qui montre qu’il n’y a pas de rationnement du crédit (mais il faudra attendre d’avoir des données complètes sur un an pour être plus affirmatif).
De plus, depuis 1997, on observe pour les crédits-logement (qui sont au cœur des réflexions actuelles) une forte accélération de l’encours, le niveau passant de 13,5 % à 35 % du PIB. Ainsi, si au milieu des années 90, on observait une situation anormale du côté des crédits aux ménages, la tendance est clairement à l’expansion (normalisation par rapport au niveau français mais aussi européen). Il n’est donc pas exact de dire que les banques ont une politique de restriction du crédit, ce dernier progressant autour de 13 ½ % par an en moyenne depuis 1997 (niveau très respectable).
Pour conclure, on observe encore en Corse des niveaux inférieurs pour le crédit à l’économie à ceux observés sur le continent. En revanche, pour les dépôts, il n’y a pas de franches différences, ce qui permet de penser que la Corse a un « excédent » d’épargne (surtout si on ajoute l'épargne financière, cf. note 2) qui n’est pas réinvesti en Corse, mais part sur d’autres marchés. Toutefois, sur les dernières années, on a observé un rattrapage du crédit, notamment aux ménages (ce qui a permis de soutenir le marché immobilier local).
Enfin, niveau communication et idées, avec une provocation idiote en pleine semaine natio, un retrait catastrophe qui montre bien qu’on a pas vraiment réfléchit et enfin un mensonge comme argumentation (non, la demande émanent de la population locale n’est pas faible, comme le montre le rythme de progression de l’encours), la BNP a très nettement de gros progrès à faire…
[1] Pas encore de PIB 2007 en valeur, estimation de croissance de 5 % pour le PIB en valeur, soit +2,5 % en volume.
[2] Il s’agit ici d’épargne sous forme de compte rémunéré ou non, les valeurs mobilières et l’assurance-vie ne sont pas comptabilisées. Le chiffre total des dépôts est donc inférieur à celui de l’épargne totale. En 2003, les dépôts bancaires pesaient 44 % du total de l’épargne.
La vénérable Banque de France, institution qui maîtrise fort bien la transparence dans la rétention d’information, vient de libérer des statistiques régionales. Après une longue captivité (10 ans tout de même) dans une jungle inextricable d’ordinateurs, les données sur les crédits et les dépôts par régions et départements sont accessibles depuis peu, avec un historique remontant en juin 2007. D’ailleurs, vous remarquerez avec intérêt que les fichiers Excel, ce n'est pas trop leur truc à la BDF.
Que peut-on apprendre de ces données, malgré un historique ridicule. Premièrement, l’endettement total du secteur privé non-financier ( les ménages, les entrepreneurs individuels et les sociétés non-financières ) atteint 3,2 milliards d’euro fin 2007, soit environ 48 % du PIB corse. On n’a pas accès au détail entre ménages et entreprises, toutefois les crédits à l’habitat sont principalement destinés aux ménages et pèsent à eux seuls 1,8 milliards, soit 57 % du total. Viennent ensuite les crédits d’investissement (entreprises) avec 830 millions ; puis, les crédits de trésorerie avec 426 millions. Ce niveau d’endettement du secteur privé non financier est très largement inférieur à celui observé pour l’ensemble de la France, où la dette privée non financière est de 75 % du PIB fin 2007, contre une évaluation[1] à 48 % pour la Corse. Ceci est observé pour toutes les principales catégories de crédits. Cependant, les crédits de trésorerie et logement sont plus touchés : crédits-logement 35 % (France) contre 27 % (Corse) ; crédits-investissement 17 contre 12 % ; crédit de trésorerie 15 contre 6 %.
Du côté des dépôts bancaires, le total atteint 4,9 milliards d’euro, soit environ 75 % du PIB fin 2007, un niveau plus élevé que celui observé pour l’ensemble de la France (63 %). Sous cet angle, il n’y a donc pas de problème d’épargne en Corse[2]. Les dépôts bancaires sont principalement concentrés dans les comptes à vue (le compte ordinaire), avec 2 milliards d’euro, mais aussi les livrets d’épargne (type livret A et consort), avec 1,2 milliard, et PEL, avec 687 millions.
Concernant les dernières tendances et pour pallier au manque d’historique (pas de variations sur un an), en variation trimestrielle annualisée, le rythme de croissance des crédits-logement est de 13,2 % en mai 2008 (15,2 % et 13,1 % respectivement en janvier et avril) et de 7,6 % pour le crédit investissement (11,8 % et 8,1 % respectivement en janvier et avril).
Ainsi, pour apporter un peu de réalité au débat, on observe que le niveau de crédit est bien inférieur en Corse à celui observé sur le continent, principalement pour le logement et l’investissement. Toutefois, les rythmes de progression sont soutenus, ce qui montre qu’il n’y a pas de rationnement du crédit (mais il faudra attendre d’avoir des données complètes sur un an pour être plus affirmatif).
De plus, depuis 1997, on observe pour les crédits-logement (qui sont au cœur des réflexions actuelles) une forte accélération de l’encours, le niveau passant de 13,5 % à 35 % du PIB. Ainsi, si au milieu des années 90, on observait une situation anormale du côté des crédits aux ménages, la tendance est clairement à l’expansion (normalisation par rapport au niveau français mais aussi européen). Il n’est donc pas exact de dire que les banques ont une politique de restriction du crédit, ce dernier progressant autour de 13 ½ % par an en moyenne depuis 1997 (niveau très respectable).
Pour conclure, on observe encore en Corse des niveaux inférieurs pour le crédit à l’économie à ceux observés sur le continent. En revanche, pour les dépôts, il n’y a pas de franches différences, ce qui permet de penser que la Corse a un « excédent » d’épargne (surtout si on ajoute l'épargne financière, cf. note 2) qui n’est pas réinvesti en Corse, mais part sur d’autres marchés. Toutefois, sur les dernières années, on a observé un rattrapage du crédit, notamment aux ménages (ce qui a permis de soutenir le marché immobilier local).
Enfin, niveau communication et idées, avec une provocation idiote en pleine semaine natio, un retrait catastrophe qui montre bien qu’on a pas vraiment réfléchit et enfin un mensonge comme argumentation (non, la demande émanent de la population locale n’est pas faible, comme le montre le rythme de progression de l’encours), la BNP a très nettement de gros progrès à faire…
[1] Pas encore de PIB 2007 en valeur, estimation de croissance de 5 % pour le PIB en valeur, soit +2,5 % en volume.
[2] Il s’agit ici d’épargne sous forme de compte rémunéré ou non, les valeurs mobilières et l’assurance-vie ne sont pas comptabilisées. Le chiffre total des dépôts est donc inférieur à celui de l’épargne totale. En 2003, les dépôts bancaires pesaient 44 % du total de l’épargne.