par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
Inscription à la newsletter

Le plan de relance 2009 et la Corse


Article publié au mois de mars 2009 dans le magazine Corsica.



Le plan de relance 2009 et la Corse
Début février, le gouvernement a présenté son « plan de relance ». Dans celui-ci, on retrouve à part égale des aides destinées à soulager la trésorerie des entreprises et des investissements publics. Le montant global est de 26 milliards d’euros, soit environ 1,3 % de la richesse produite (PIB).

Sa déclinaison en Corse comporte, outre les avances sur trésorerie, 20 millions d’euros pour accélérer le PEI. Avec les 30 % de contribution des collectivités locales, le supplément atteindrait 29 millions d’euros. A cela s’ajoute 2 millions de travaux, notamment pour la construction de locaux d’enseignement. Au total, uniquement pour les travaux publics, le plan « pèse » en Corse 0,3 % du PIB (1 % en incluant les avances de trésorerie). Deux questions se posent concernant ce plan : est-il nécessaire ? Est-il suffisant ?

Actuellement, la crise actuelle semble indolore sur l’île. Même si le nombre de chômeurs augmente bien depuis la fin 2008, l’évolution reste encore lente et loin d’atteindre les rythmes observés ailleurs. Il est souvent répété que la Corse souffrira moins parce que sa population comporte plus de retraités et de fonctionnaires, aux salaires et pensions insensibles à la crise, et par ce que le secteur industriel n’y représente qu’une part faible de l’emploi.

Or, comme il a déjà été écrit en janvier dernier, prenons conscience que la crise ne va pas épargner l’île. La croissance passée est majoritairement celle de la consommation et de l’investissement en construction. Ainsi, depuis 2000, 53 % des emplois salariés créés sont concentrés dans trois secteurs : la construction, le commerce et les services aux entreprises.

Pour le premier secteur, l’activité est déjà en train de se contracter, les mises en chantier étant en fort recul et le marché de l’immobilier neuf grippé. Pour le second secteur, les indications données par l’enquête conduite sur le site corse-economie.eu vont dans le sens d’une consommation à la peine dans les mois à venir. De plus, face à une crise d’une ampleur sans précédent depuis 50 ans en Europe, il est raisonnable de penser que ceci aura des conséquences sur la saison touristique, impact toutefois difficile à quantifier. Enfin, pour le dernier gros contributeur, les difficultés des deux autres ne présagent rien de bon. L’auteur de ces lignes n’étant pas millénariste, il ne s’agit pas de brandir le spectre de la dépression économique pour la Corse. Mais il ne faut pas non plus se voiler la face, les problèmes sont à venir et il faut se préparer maintenant à les affronter.

Or, les dépenses prévues au niveau national ou en Corse (cf. graphique) sont bien inférieures à celles d’autres pays européens, des Etats-Unis ou encore de la Chine (16 % du PIB). Le pari fait en France est que la crise serait moins forte, notamment grâce au poids du secteur public et à une meilleure résistance de l’immobilier. Seulement, le recul du PIB enregistré au dernier trimestre de 2008 vient contredire cette prévision. Au final, un deuxième plan de relance est dans les cartons.

En Corse, le plan actuel semble aussi sous dimensionné. Un plan complémentaire utile pour l’île pourrait favoriser deux axes, totalement absents actuellement. D’une part, pour soutenir l’activité touristique, la région doit lancer rapidement une campagne ambitieuse de promotion, en France et à l’étranger. Malte a déjà pris de l’avance, que ce soit dans métro parisien ou à la télévision. D’autre part, la mise en chantier de logements éviterait une perte d’activité trop importante dans la construction. Sur ce point, la région seule est limitée par ses compétences et ses capacités financières. Mais en s’associant avec les départements et les grandes agglomérations, le partage des coûts et les compétences dans le logement social et l’urbanisme permettraient de faire bien plus.

Article publié au mois de mars 2009 dans le magazine Corsica.

Jeudi 20 Octobre 2011
Guillaume Guidoni