Taux de pauvreté en Corse 2008 : léger recul mais aucun changement de fond


Le taux de pauvreté en Corse en 2008 baisse légèrement. 20 % des ménages de l’île sont classés comme pauvres par l’insee.



Le taux de pauvreté en Corse en 2008 baisse légèrement. 20 % des ménages de l’île sont classés comme pauvres par l’insee (taux à 60 %, soit revenu inférieur à 60 % du revenu médian), contre 20,4 % en 2007. Toutefois, on reste nettement au-dessus du niveau de 2006 (19,3 %). Même si la méthodologie a changé en 2005, il n’en reste pas moins que la Corse détient le record de hausse pour la pauvreté avec une hausse de 2,3 points en 4 ans.

Au niveau national, le taux est de 13 % (13,2 % hors région parisienne) et la région la plus touchée par la pauvreté sur le Continent (Languedoc-Roussillon) est à 18,1 %. L’écart entre la Corse et la moyenne nationale reste catastrophique pour les plus de 65 ans (21,1 % contre 9,8 % !). Mais toutes les classes d’âge sont touchés : - de 20 ans 24 % contre 17,7 % ; 18-29 ans 19,5 % contre 14,2 % ; 30-65 ans 18,2 % contre 11,5 %.

Au niveau du type de ménages, les familles monoparentales restent en « tête » de la pauvreté, avec 30 % des ménages touchés. Pour cette catégorie, l’écart avec la moyenne nationale (29,5 %) est faible. A noter que les femmes seules sont lourdement touchées (31,54 % contre 18 %).

En conclusion, la pauvreté en Corse touche toutes les classes d’âge avec une fragilité particulière des plus jeunes et des plus anciens. La situation des familles monoparentales et des femmes seules montre que l’isolement frappe durement des publics largement mis à l’écart du marché du travail corse (rappel du taux d’emploi des femmes en Corse : 50,4 % en 2007 contre 58,6 % au niveau national).

Encore une fois, le modèle économique et social de l’île ne permet pas de réduire la pauvreté. Pour les personnes âgées, la pauvreté est surtout liée à l’importance des petites retraites (défaut de cotisation et pastoralisme passé dans l’île). Pour les publics les plus marginalisés, le soutien par la famille disparaît peu à peu. La Corse connaît une pauvreté largement comparable à celle des autres sociétés méditerranéennes.

Au niveau de l’inégalité, on note que la Corse se distingue aussi dans le mauvais sens. Le coefficient de Gini (indicateur de dispersion pour les revenus totaux ; plus le coefficient est proche de 0 plus la distribution est égalitaire, plus il est proche de 1 plus les revenus sont concentrés entre peu de mains) est supérieure de 0,3 point (c’est beaucoup pour ce type d’indicateur) à celui de la province. Seule la région parisienne est plus inégalitaire. Pour les seuls revenus fiscaux, là encore la Corse se classe juste derrière la région Île-de-France.

Lundi 6 Décembre 2010
Guillaume Guidoni