Petite correction concernant ma citation sur le Padduc dans Corsica




Je tiens à corriger des propos qui m’ont été prêtés par Gilles Millet dans son article sur le Padduc dans le numéro d’octobre de Corsica. En effet, il écrit la chose suivante :

« Par ailleurs, outre ces problèmes concernant l'aménagement du littoral, le Padduc, s'appuie parfois sur des données quelque peu optimistes, notamment dans le domaine économique. À titre d'exemple, le plan envisage pour la Corse un taux de croissance annuel de 5 %, ce qui a officiellement été le cas ces dernières années mais qui sera de plus en plus difficile à tenir. D'autant, qu'en réalité, le taux de croissance réel aurait été de 0, 2 % de 1996 à 2006 et de 0, 1 % de 2002 à 2006 (chiffres cités par le blog www.corse-economie.eu) et qu'au regard de ces données, atteindre les 5 % relèverait de l'exploit et ferait de la Corse une des régions les plus performante du monde. »

Or, dans ma note d’août dernier « vacances et padduc », je dis les deux choses suivantes :

- « la croissance moyenne en volume de la Corse entre 1996 et 2006 est soit de 2,8 % (en incluant la croissance annuelle de 1996), soit de 3,2 % (en l'excluant) » ;
- « Mais, surtout 5 % de croissance potentielle (voir en bas de page) ? Sachant que l'on table sur une croissance de la population autour des rythmes actuels, soit 1 % par an, cela implique une croissance de la productivité du travail de 4 % par an (sans apport progrès technique). Il va falloir s'accrocher car aujourd'hui, la Corse arrive à peine (approximé par la croissance du ratio PIB en volume sur emploi salarié) à faire du -0,1 % par an en moyenne entre 2002 et 2006, et un maigre +0,2 % en moyenne entre 1996 et 2006 (logique toutefois dans un contexte de forte créations d'emplois et d'économie basée sur des secteurs à faible intensité en qualification, non producteur et peu utilisateur de « connaissances »). Donc un objectif, qui paraît bien peu réaliste, sauf à imaginer un choc technologique qui mettrait la Corse parmi les régions de pointe en termes d'économie de la connaissance. Il aurait fallu expliquer en quoi passer d'une économie tourisme-construction à la Sillicon Valley en 5-10 ans c'est réaliste, quoique, ensemble, tout est possible et, à la limite, on pourra toujours aller les chercher avec les dents les 5 %. »

Donc deux correctifs par rapport aux propos qui me sont prêtés. Premièrement, la Corse n’a pas eu de croissance moyenne proche de 5 % ces dernières années, la moyenne étant plutôt sur 3 %. En fait, la croissance n’a touché 5 % qu’en 1997 et 1999, depuis elle est retombée sur des niveaux plus faibles (cf. graphique). Deuxièmement, je n’ai jamais dit que la croissance était en moyenne de 0,2 % ou -0,1 %, puisque je parle de la croissance de la productivité du travail, c'est-à-dire dans mon calcul de la variation de la richesse produite par emploi salarié. C’est cette dernière et non la croissance finale qui est faible sur la période récente. Ce que je dis donc, c’est que vu la faiblesse des gains de productivité du travail en Corse et en tablant sur une croissance de la population autour de 1 %, pour arriver à une croissance de 5 % par an, il faudrait que l’apport du progrès technique à la croissance (3 à 4 % par an) soit comparable voire supérieure à celle des économies développées les plus dynamiques (car la Corse n’est malgré tout pas une économie émergente). D’où mon interrogation : « Il aurait fallu expliquer en quoi passer d'une économie tourisme-construction à la Sillicon Valley en 5-10 ans c'est réaliste ». Après on peut raffiner, préciser et ergoter (taux de croissance de l’emploi, possibilité d’une croissance plus forte du progrès technique, etc.) mais je voulais fixer des ordres de grandeurs.

Malgré tout, je suis très heureux de me voir citer à deux reprises dans le magazine, ça me flatte un peu et m’encourage à continuer beaucoup.

croissance potentielle = croissance de la population active + croissance de la productivité du travail + croissance de la productivité totale des facteurs (progrès technique)

Mercredi 1 Octobre 2008
Guillaume Guidoni