par Guillaume Guidoni
Corse-Economie
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Le déni, le ridicule et le sacrifice


Le gouvernement et son représentant en Corse ont alterné depuis plusieurs semaines le déni, le ridicule pour finir avec le sacrifice.



Le déni

Tout commence en juin dernier. Dans un entretien donné pour Alta Frequenza, le Préfet de Corse parle de reprise économique en cours en Corse. Il évoque un rebond de l'investissement et une situation globalement favorable dans la plupart des secteurs.

Tout ceci est malheureusement complètement à côté de la plaque. 2013 a été une année de récession (ben oui, l'emploi a reculé dans le secteur privé). Tous les secteurs ont fini l'année dans le rouge en termes d'emploi (destructions partout, y compris les services). Le premier semestre 2014 a connu l'une des pires progressions du chômage enregistrée depuis que les données existent. Les offres d'emploi sont à un plus bas historique. Le flux de dépôts bancaire est tombé au plus bas depuis 2008. Le flux de crédit ralentit de plus en plus nettement. Les défaillances d'entreprises progressent. Le RSA progresse.

On avait donc, avant même que la grève de la SNCM débute, une appréciation de la situation en complet décalage avec la réalité. Le problème est que cela ne peut que refléter une erreur de jugement majeure des pouvoirs publics, qui pensent probablement qu'avec le PEI et une décennie 2000 qui fut positive, la Corse peut se payer le luxe d'une petite crisounette. Rien n'est plus faux.

Le ridicule

Au déni a suivi le ridicule de déclarations successives visant à expliquer que la circulation maritime était tout à fait acceptable, sans rupture de charge pour le fret.

Comment peut-on en arriver à un tel niveau d'absurdité en termes de communication ? Il y a là soit un vrai problème en termes de collecte d'information de la part des services de l'Etat, soit une absence de totale de compréhension des lignes logistiques avec Marseille et de la façon dont fonctionne les flux de marchandises et le tourisme au XXIe siècle. Dans les deux cas, c'est pas franchement rassurant. D'ailleurs, il serait bien que l'on ne rajoute pas à ce ridicule des discours creux sur les avantages fiscaux en Corse qui compenseraient. Parce que le ridicule ça passe encore mais la bêtise est moins pardonnable.

Le sacrifice

De façon explicite, le gouvernement a sacrifié l'économie de l'île aux intérêts de Marseille. Non seulement du fait du blocage des liaisons de la CMN mais surtout pour avoir refusé de régler le problème de la SNCM depuis des années. La SNCM doit être restructurée en profondeur. Tout le monde le sait depuis 10 ans. Cette restructuration sera douloureuse.

Pour autant, les PME de l'île qui vont disparaître et les salariés qui vont perdre leur travail n'auront certainement pas droit à autant d'attention et à un joli chèque d'indemnité.

Mercredi 9 Juillet 2014
Guillaume Guidoni


1.Posté par lauglaney chris le 11/07/2014 10:11
Belle et juste analyse

2.Posté par Caton le 04/08/2014 11:00
Les statistiques du transport en Juin ne reflètent pas votre analyse. Malgré une semaine de grève, les indicateurs globaux sont en hausse, la baisse de la SNCM est compensée par les autres compagnies, ce qui révèlent l'efficacité des Chambres de Commerce. Pour l'image c'est autre chose, mais là c'est culturel.

3.Posté par Guillaume Guidoni le 04/08/2014 11:40 (depuis mobile)
Cher Caton,
Je vous renvoie aux statistiques et à l'analyse de l'ORTC sur le mois de juin. Vous y verrez que le recul des nuitées est très important. Il n'y a pas que les voyages qui comptent mais aussi leur durée.
Cdt

4.Posté par Caton le 05/08/2014 11:47
Et où trouvons nous les stats des nuitées ?
Encore une fois ce ne sont la disponibilité des traversées, qui expliquent que les passagers sont restés moins longtemps.
Il nous faudra attendre qq mois pour disposer de stats comparatives et découvrir que rien n'est propre à notre ile, si ce n'est une situation plutôt privilégiée en comparaison des autres régions.

5.Posté par Guillaume Guidoni le 05/08/2014 12:05
Je vous renvoie aux commentaires du dernier flash transport.

http://dre20.pagesperso-orange.fr/ORTNET/Publications/Flash2014/F062014.pdf

" Si les trafics passagers maritimes ont progressé de + 1 %, le nombre de « nuits » générées par ce seul type de transport baisse de - 15 % sur l’ensemble du mois de Juin.
On enregistre notamment 7 jours où le solde des trafics Entrées - Sorties est négatif sur les lignes maritimes entre le 19 et le 30 Juin.
* Les trafics maritimes ont généré en Juin 2013 quelques 861 257 « nuits » contre 729 401 en 2014, soit le recul de -15 %.
* Compte tenu du fait que les trafics aériens français sont restés stables ( à l’exception d’une petite progression sur Marseille ) on peut estimer que la baisse de fréquentation résultant de ces 7 premiers jours de grève n’a pu être compensée. "